Intégration dans les sciences

L’Histoire

La jonction avec la discipline historique est assez évidente. La cliodynamique s’encre dans la démarche historiographique amorcé par l’Ecole des annales, Karl Marx et Ibn Khaldoun. Abandonnant l’étude des grands Hommes au profil de l’histoire géographique et des processus sociaux qui y prennent place. Leur importance n’est néanmoins pas rendu caduque mais questionné. Pour savoir quelle a été l’importance d’une grande figure historique encore faut-il pouvoir la comparer à l’ensemble des processus socio-historique tissant le contexte dans lequel il évoluait. Trouver des règles générales (si tant est qu’il y en est) aux sociétés humaines, requière de les étudié dans leur ensemble ainsi d’un point de vu méthodologique, l’étude des base de données comme l’Ethnographic Atlas ou la Global History Databank Seshat est centrale, il est quelques fois dit qu’il s’agit de faire de l’histoire comparative sous stéroïde.

Ainsi notre démarche est avant tout modeste – il n’est pas question de réduire la complexité de l’Histoire à quelques équations, pas plus qu’il n’est question de se substituer à la discipline historique – et trandisciplinaire, où la contribution d’historien et d’historienne est primordiale pour en assurer la rigueur.

L’Anthropologie

L’Homme ne peut s’étudier sans contexte. Ainsi parvenir à une meilleure compréhension de l’interaction avec son environnement est une pierre angulaire vers la compréhension de ses différentes cultures. Comment naît la culture ? Pourquoi certaines cultures ont perduré et d’autres non ? Pourquoi ou plutôt comment faisons-nous société ? Sont autant de questions adressées par l’évolution culturelle, discipline menée pour une bonne partie par des anthropologues. Pour répondre à ses questions ils recrutent des concepts, des outils (et des chercheurs), dans les sciences cognitives, les data sciences, les systèmes complexes…

L’évolutionnisme a été une tard dans l’histoire des sciences, et l’utilisation politique qui en a été fait est détestable. Cependant il serait une erreur de jeter le bébé avec l’eau du bain. Depuis la théorie de l’évolution a parcouru un long chemin et les synthèses modernes (Modern Synthesis sur wikipedia), ne laisse plus place à ce genre de dérive. Sur ce long chemin la théorie de l’évolution a rencontré l’étude des groupes pour par exemple étudier les colonies de fourmies et d’abeilles, développant des outils fort utiles pour améliorer notre compréhension de l’évolution des sociétés humaines.

La Sociologie

Enquêter sur le fonctionnement des sociétés humaines est le fondement de la sociologie. C’est aussi l’un des piliers pour comprendre les processus historiques et l’évolution de la culture. Aujourd’hui tend à s’opérer une convergence méthodologique (lente) entre les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales grâce à des outils développé ces cinquante dernières années sous le nom de « système complexe ». L’un des exemples les plus connus (mais pas forcément l’un des plus pertinents), est l’étude des réseaux sociaux. Modéliser ceux-ci par un graphe et en étudier ses caractéristiques – comment se propage l’information ? comment évolue les liens ? Quelles sont les corrélations entre eux ? – ont permis de développer de nouvelles connaissances sur la sociologie des groupes. Adopter ce type d’approche, dites de convergence entre les sciences, peut résumer notre démarche.

La Psychologie

Souvent comparé à la psycho-histoire d’Isaac Asimov, la Cliodynamique à pourtant bien du mal à embrasser l’aspect psychologique, en tout cas davantage qu’elle n’en a embrasser l’aspect « structurelle ». L’une des raisons de ce mariage raté est l’immense difficulté d’obtenir des données ou des proxies d’ordre psychologique sur les sociétés passées. Une autre raison est peut-être l’aspect moins paradigmatique de la psychologie au regard des autres sciences-ingrédient de la Cliodynamique. Il y aurait toutefois matière à faire ce mariage ! L’étude de la coopération, de la cohésion des groupes humains sont probablement l’un des thèmes les plus prisées de la trandisciplinarité et des thèmes sur lesquels la psychologie nous apprend beaucoup, on peut notamment penser aux trois milliers de la radicalisation Need, Network, Narrative et sans doute bien d’autres.

L’Economie

Il n’est plus un secret pour personne (or mis peut-être quelques irréductible smithiens) que la science économique est en mouvement. Ce mouvement est d’autant plus rapide que c’est l’une des sciences les mieux intégrer dans l’art de gouverner et les plus importantes dans la régulation des interactions sociales à grande échelle. Ainsi les différents défis et contradiction en son sein son l’objet d’une attention particulière, on pensera aux contradictions du capitalisme ou à la considération des ressources infinies qui s’heurtent aux limites de l’environnement. On voit aujourd’hui timidement apparaître un refondement de l’économie sur des bases modernes avec l’inclusion de la science écologique, des sciences cognitives (agent) et des systèmes complexes (émergence de comportement global). C’est précisément dans cette optique que se situe notre démarche avec la Cliodynamique. Formuler des théories et des modèles de processus historiques et d’évolution de la culture requiert une vision trans-disciplinaire en adéquation avec l’intrication réels des phénomènes, c’est à dire au moins de leur aspect économique, écologique et social.

Les sciences naturelles

Depuis près de 70 ans a lieu une révolution dans les sciences naturelles. Cette révolution est né de deux éléments ; La découverte de l’informatique qui donnera naissance ensuite aux ordinateurs et aux sciences cognitives et la compréhension des systèmes dynamiques avec en particulier la découverte du chaos. L’importance de la première se passe probablement d’explication tant les simulations informatiques sont devenu omniprésente et les sciences cognitives prometteuse. La seconde est moins évidente, d’abord apparu dans l’étude du climat, le chaos de la sensibilité d’un système aux condition initiales, il est tout à la fois déterministe et imprévisible. Or ce type de sensibilité est en fait très répandue dès lors que l’on modélise un ensemble d’acteurs ou de facteurs interagissant ensemble, on voit très souvent apparaître de la « causalité circulaire » souvent appelé feedbacks ou une interaction dépend in fine de conséquences quelle a elle même produite. Il existe même un résultat très formelle sur le sujet , « period 3 imply chaos », ce théorème énonce que si l’on peut trouver une fonction de période trois dans un système alors on peut trouver n’importe quelle période, littéralement – du chaos – . Le champ mathématique qui étudie ce type de modèle ce nomme les systèmes dynamiques, ils sont très utiles pour étudier les ensembles complexes (comme l’économie, les écosystèmes, les sociétés humaines, les fluides etc…) et à ouvert la porte à la découverte d’un vaste ensemble de phénomène (émergence, criticalité, auto-organisation, adaptation…) et à une nouvelle discipline qui les étudient : les systèmes complexes.

Les sciences cognitives

Née à l’issue de la conférence de Macy en 1955 les sciences cognitives sont par essence multidisciplinaire, empruntant à l’informatique, l’anthropologie, la psychologie, la linguistique, les neurosciences et à la philosophie. On les retrouve notamment en évolution culturelle et en anthropologie dans l’étude des cultures. On peut penser aux travaux de Dan Sperber sur les attracteurs cognitifs : Notre cognition aurait des affinités avec certaines formes/symboles, expliquant leurs apparitions indépendantes à différents endroits et à différents moment de l’histoire des sociétés. Ainsi peut-être l’existence de ces attracteurs aux travers de modules cognitifs a-t-il été sélectionné positivement, facilitant la transmission et le traitement des informations.

Les sciences politiques

Les sciences politiques peuvent être vues comme l’oméga de toute sciences dans la mesure ou elles conditionnent leur implémentation au sein de la société. Il va de soi que améliorer notre connaissance des sociétés humaines, qui plus est développer des connaissances générales et fertiles quant à leurs applications est un must pour la science politique. Le chemin qui a mené l’économie à devenir un incontournable du parcours de tout gestionnaire est en train d’être emprunté par une cohorte de sciences, dont la Cliodynamique, toutes liées par leur interdisciplinarité et par le gigantesque horizon de leurs applications. On comprend aisément qu’avoir de bons modèles pour prédire l’impact de politiques publiques et pour les façonner va constituer un atout indispensable dans la manche des dirigeants de demain.